Qu’est-ce que le Prix du livre de géographie ?
Élèves de la spécialité HGGSP en Terminale au sein du Lycée polyvalent Melkior-Garré, nous avons saisi l’opportunité de pouvoir participer au Prix du Livre de Géographie des Lycéens et Étudiants.
Créé en 2020, ce prix est l’occasion de lire 5 ouvrages de géographies différents sélectionnés par le Comité du Prix parmi les publications récentes. Le but étant d’élire le meilleur des 5 à la suite d’un vote. Ainsi, le livre ayant obtenu le plus de votes est récompensé en octobre lors du Festival international de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges.
Cette année les livres sélectionnés étaient les suivants :
- Rémi Barbier et Sara Fernandez (dir.), Idées reçues sur l’eau et sa gestion, Le Cavalier bleu, 2024
- Marie Bonte, Nuits de Beyrouth, ENS éditions, 2024
- Marc Brosseau, Tableau de la géographie littéraire, Presses universitaires de Pau et des Pays de l’Adour, 2022
- François-Michel Le Tourneau, Chercheurs d’or. L’orpaillage clandestin en Guyane française, CNRS éditions, 2020
- Sylvain Genevois, Matthieu Noucher et Xemartin Laborde, Le Blanc des cartes, Autrement, 2024
Comment nous avons évalué la sélection 2025
Après une lecture attentive de chacune des œuvres citées plus haut, des séances de discussion ont été organisées. Elles nous ont permis de relever les différents avis des membres du groupe et ainsi faire le point sur les aspects positifs comme négatifs de chaque ouvrage puis de les classer dans l’ordre de nos préférences.
Commençons avec le livre Tableau de la géographie littéraire de Marc Brosseau. Comme son titre l’indique, celui-ci a pour but de dresser le tableau synthétique de la façon d’écrire et d’exprimer des notions, des représentations et des paysages géographiques dans des ouvrages littéraires. Cet ouvrage est bien structuré et donc facilement utilisable. Le but de ce dernier est clair et cela donne dès le départ au lecteur une ligne directrice vers le cheminement de son contenu. Néanmoins, il faut souligner le manque parfois de profondeur dans la réflexion et le nombre trop conséquent de noms, de références et de lexique parfois inutilement complexes. Une sélection des informations les plus importantes aurait pu être effectuée. Cela a rendu pour la plupart d’entre nous la lecture difficile voire déplaisante. Ce qui toutefois fait de ce livre un travail appréciable sont les différentes études de cas présentées et l’exploration de la géographie à travers les sensations cognitives exprimées dans les ouvrages littéraires.
Concernant l’ouvrage Idées reçues sur la gestion de l’eau de Rémi Barbier et Sara Fernandez, l’avis du groupe là encore s’est avéré très nuancé. Au-delà du fait que le sujet en lui-même est jugé assez prenant, qu’il y ait un petit passage portant sur les territoires d’Outre-mer, ce dernier est d’abord une œuvre dont la structure est appréciable et dont le vocabulaire simple rend celui-ci très accessible. Accessible certes, mais peut être un peu trop accessible, ce livre n’apporte malheureusement qu’une réflexion trop proche de ce que les programmes du lycée nous enseignent déjà. De plus, un manque cruel de cartes est constaté. La dimension géographique s’en voit donc affectée.
Un manque de cartes qui en revanche est loin d’être quelque chose que l’on pourrait reprocher à l’ouvrage Le Blanc des cartes de Sylvain Genevois, Matthieu Noucher et Xemartin Laborde . En effet, l’un des points forts de ce livre est qu’il est difficile d’en oublier l’aspect géographique. Toute la réflexion porte sur ce que les cartographes choisissent consciemment ou inconsciemment de ne pas mettre en valeur dans leurs productions cartographiques, révélant ainsi des enjeux idéologiques notables. Des éléments au cœur du courant de la géographie critique ou contre-géographie. Même s’il est fort appréciable qu’il y ait beaucoup de cartes dans cet ouvrage, cela peut aussi constituer l’un de ses défauts. On déplore en effet trop de représentations graphiques, peu éclairées par des analyses et des conclusions souvent vagues et imprécises. Toutefois, esthétiquement parlant, cet ouvrage reste très agréable à regarder et la forme d’atlas quant à elle lui donne un petit plus.
Parmi ces travaux, l’ouvrage Chercheurs d’or de François-Michel Le Tourneau se démarque des autres en premier lieu grâce à son thème, son sujet et l’initiative d’actualisation des données. Accessible, bien structuré, ce dernier a tout pour plaire. Il traite d’une thématique locale captivante et qui a su susciter la curiosité de tous les membres du groupe. S’il paraît d’abord sans défauts, il faut tout de même noter que certaines données et cartes auraient pu être ajoutées. Par ailleurs, si le livre propose une vision d’ensemble de la situation géographique vécue par les garimpeiros, on peut regretter qu’il apparaisse davantage comme un rapport méthodique et un peu froid sur l’orpaillage illégal plutôt que comme une réflexion engagée du géographe qui a vécu au plus proche de ces acteurs géographiques.
Notre sélection et notre vote
Le livre Nuit de Beyrouth de Marie Bonte a finalement été choisi comme le meilleur livre de la sélection 2025 par notre groupe. En effet, malgré un certain manque de précision parfois, de données chiffrées et d’une comparaison qui aurait été la bienvenue avec d’autres villes du Proche et Moyen Orient, Nuit de Beyrouth est resté, dans nos esprits, le livre qu’il nous fallait sélectionner. C’est une vraie découverte de l’histoire libanaise et des logiques qui structurent le développement et le fonctionnement des quartiers de Beyrouth. Cette enquête est le résultat d’un travail de terrain, engagé au plus près de la géographie humaine, à travers un angle d’approche original : la géographie nocturne des loisirs (la fête, les rencontres, les bars, les soirées plus ou moins officielles). La chercheuse s’est basée sur ses expériences (allant jusqu’à travailler en situation, dans un bar de Beyrouth), des témoignages, des archives variées qui nous ont convaincus. Nuit de Beyrouth permet la découverte d’une géographie et de pratiques qu’on connaît peu, en particulier au niveau lycée, ce qui fait tout son charme.
Bilan de cette année
La géographie est une matière que nous étudions en classe à travers un programme, des attendus, des notions et des compétences qui sont très cadrés — et parfois souvent tournés vers les mêmes thèmes et les mêmes approches, chaque année. Notre participation et la lecture de ces différentes œuvres nous ont permis de redécouvrir cette matière. Cela a été une expérience très enrichissante intellectuellement. De nombreux savoirs ont été ainsi transmis dans une atmosphère conviviale. Chaque réunion et discussion permettaient de se rendre compte par ailleurs que c’est en échangeant avec les autres et en rassemblant nos différents points de vue qu’un résultat complet et satisfaisant pouvait émerger. L’organisation, la planification et la supervision de nos rencontres ont été le produit des efforts du professeur d’HGGSP, Monsieur ANNEN, que nous remercions également ainsi que les professeurs documentalistes. Nous sommes heureux et fiers d’avoir pu prendre part à ce projet.
Yasmina COUVAL, Tessa DUMONTIER, Anne-Sophie JOSEPH, Charlotte MARINIA, Nohël MOLINIER et Hélène SYLVESTRE (élèves de la spécialité Histoire Géographie Géopolitique et Sciences Politiques, année scolaire 2024-2025)